Depuis plus de vingt ans, les associations de quartier sont présentées comme les piliers de la cohésion sociale. On leur confie des missions larges : créer du lien, accompagner les jeunes, faire de la prévention. Elles reçoivent des millions. Parfois sans appel d’offres. Sans contrôle sérieux. Et surtout, sans évaluation réelle de leur impact.
J’ai vu, comme beaucoup d’autres, des associations naître autour d’une bonne intention… puis se transformer en guichets à subventions. Toujours les mêmes personnes aux commandes. Toujours les mêmes demandes. Toujours les mêmes résultats : flous.
Ce qui dérange, ce n’est pas qu’il y ait de l’argent public pour soutenir le tissu associatif. C’est qu’on continue à faire semblant de ne pas voir ce que certains élus ou décideurs savent très bien. Il y a une forme de clientélisme associatif, assumée ou tolérée. Des financements versés sans transparence. Des comptes rendus d’activité copiés-collés d’une année sur l’autre. Et au final, très peu de résultats sur le terrain.
Les jeunes, eux, ne sont pas dupes. Beaucoup ne remettent jamais les pieds dans ces structures. Trop fermées. Trop vieillies. Déconnectées de leurs réalités. On propose des ateliers théâtre à des jeunes qui cherchent un emploi. On organise des cafés citoyens quand les gens veulent juste être écoutés, aidés, accompagnés.
La vérité, c’est que certaines associations vivent pour elles-mêmes. Elles n’essaient plus de transformer la réalité. Elles cherchent à durer, à faire tourner leur propre système. Et ça, personne ne veut l’assumer. Parce que le jour où on le dira franchement, il faudra repenser tout le modèle de financement local.
On pourrait exiger des appels à projets ouverts. Des audits réguliers. Des conseils citoyens qui donnent leur avis. Mais ça obligerait à remettre à plat des habitudes bien installées, parfois depuis trente ans.
Sources :
Rapport d’information n° 818 du Sénat (2021) sur le financement public des associations locales ;
Rapport de la Cour des comptes (2022) – "Contrôle des subventions publiques et évaluation de leur efficacité" ;
Article “Quand les subventions entretiennent le clientélisme local” – Le Figaro, 7 juin 2022 ;
Observatoire national de la vie associative (ONVA), rapport 2023.